Quand le feu révèle l'histoire du quartier
On se souvient tous de l’impressionnant incendie qui a eu lieu au début de l’été dernier au niveau du croisement avec la rue de Mentana, juste à côté de la Place des Fleurs de Macadam, où une succursale de la SAQ est installée. Ce bâtiment avait fait il y a quelques années l’objet d’une belle restauration.
Certains bâtiments de l’Avenue, dont celui-ci, portent plusieurs traces d’histoire et nous allons vous révéler dans cet article quelques-unes de ses surprises. Il suffit parfois d’enlever un petit bout de mur ou un recouvrement de façade pour découvrir des trésors cachés.
Pendant de nombreuses années, ce bâtiment a logé L.C. Barbeau, une entreprise de matériaux et de fournitures électriques. Aujourd’hui, ce genre d’entreprise de service se retrouverait dans un tissu urbain plus industriel, plutôt que sur le Plateau.
Dans les années 70, on a cherché à rendre la rue du Mont-Royal plus dynamique et moderne. Le bâtiment, dont la belle architecture a été jugée passé de mode, a été recouvert d’un écran métallique en tôle gaufrées. Cette nouvelle façade, qui cachera pendant plusieurs dizaines d’années la brique du bâtiment, à été équipée dans les années 80 de néon de couleurs mauve. Une décoration d’inspiration psychédélique pour attirer les clients, qui à été fortement critiqué par le voisinage, puis retiré, car la lueur était insoutenable pour les habitants à proximité. C’est le commerce Meuble Idécor inc. qui habitait les lieux en 1986, précédé d’un autre commerce de meuble : Meuble Elle et Lui.
Ce dernier commerce, tape à l’œil avec ces néons mauves, était très créatif pour attirer l’attention de leur public puisqu’ils ont mis en vitrine des performances d’hypnose ! Gabriel Deschambault, rédacteur de la source de cet article, se rappelle que de jolies jeunes femmes étaient hypnotisées, endormies et placées en vitrine durant quelques heures. Ce serait vraiment étonnant qu’une tel publicité soir possible aujourd’hui.
Cet édifice construit en 1913 était initialement dédié à une association sportive : «l’Association de la Casquette». A cette époque, les clubs sportifs sont à la mode. Des clubs de raquetteurs, de crosse, de baseball se forment et à l’Association de la Casquette, on pratique plusieurs disciplines sportives dont la boxe. On y retrouvera même un champion de boxe des Amériques, comme sportif et par la suite comme professeur. Eugène Brosseau, un p’tit gars du Plateau né sur la rue Laval, fut effectivement un sportif de très haut niveau, avant qu’un accident ne mette fin à sa carrière professionnelle. Malheureusement, son règne fut de courte durée puisqu’en 1918, l’association quitte l’Avenue du Mont-Royal.
Grâce à l’incendie, de nouvelles découvertes à propos de l’histoire de ce bâtiment ont fait surface. Les travaux de rénovation ont révélé des enseignes peintes sur toute la hauteur d’un mur intérieur. Comment l’expliquer ? Et bien en consultant des anciens atlas, on apprend que le bâtiment voisin, qui a longtemps été occupé par un restaurant, est beaucoup plus vieux que l’édifice de La Casquette. Cette façade était donc une façade extérieure au moment de la réalisation de l’enseigne peinte. C’était à la mode à cette époque de peindre les murs aveugles, (sans fenêtres) des bâtiments avec des enseignes ou bien des publicités.
Source et Photos : Article de Gabriel Deschambault sur le blogue de la Société d’histoire du Plateau Mont-Royal.