Portrait d'une femme entrepreneure : Castello Jeux
Nous terminons notre série des portraits de femmes entrepreneure en vous présentant Marie-France Pageau, propriétaire de Castello Jeux ! La boutique est située au 1390 Mont-Royal Est et on vous laisse découvrir son histoire. Une prochaine série de portraits se prépare, restez connectés.
Merci, Marie-France, d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
-Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat ?
Quand j’étais petite, je jouais "au magasin", avec une petite caisse enregistreuse. Ma tante avait une épicerie-dépanneur, et quand j’avais 10-12 ans, je continuais à y jouer, mais dans une vraie boutique cette fois-ci. J’ai étudié pour devenir comptable et durant mes études, je travaillais dans un magasin de jouets qui s’appelait Educa-jeux. C’était un emploi à temps partiel et j’ai travaillé durant sept années de suite à la période de Noël qui est un moment vraiment très occupé pour les magasins de jouets. D’autant plus qu’à cette époque la vente en ligne n’était pas développée donc beaucoup de clients se rendaient en boutique. J’aimais vraiment cette période de l’année, donc même après avoir débuté mon travail comme comptable, une fois mes études terminées, je prenais des congés pour aller donner un coup de main à la boutique de jouets et je travaillais durant les weekends.
Quand la question c’est posé avec mon conjoint de décider dans quel secteur on voulait monter notre entreprise, on a choisi de continuer dans ce domaine que je connaissais déjà. On n’avait jamais fait de plan d’affaires, et on est allé voir les banques avec surtout des chiffres et des projections financières. Le banquier nous a conseillé de suivre un cours de lancement d’entreprise et comme on avait déjà tous les deux suivis des cours de marketing, de comptabilité et de gestion, on partait avec de très bonnes bases. Mon mari est informaticien de formation et il travaille pour l’entreprise à côté de son emploi à temps plein. En quatre mois, en étant bien accompagné dans notre projet, on a ouvert notre première boutique. Elle était située dans la ville de Saint-Nicolas à côté de Québec, pas très loin de là où on habitait. On avait effectué des recherches pour savoir où étaient les bassins de population avec des enfants dans la région pour prendre cette décision.
-Depuis combien de temps avez-vous débuté votre projet d’entreprise, quelles ont été les grandes étapes marquantes ?
L’ouverture du premier magasin a été le 22 aout 2008 et puis 3 ans plus tard en 2011 on a ouvert le deuxième magasin qui était plus grand. On ne propose pas ce service sur l’Avenue du Mont-Royal, mais une particularité qui nous a vraiment aidés à nous faire connaitre, c’est qu’on organisait des fêtes d’enfants. On avait des salles privées, deux dans le premier magasin et trois dans le deuxième magasin qui était à Québec. On avait installé des modules de jeux avec des jeux gonflables, et les parents qui viennent apporter leur enfant à la fête de son ami chez nous, découvre en même temps le magasin. On rencontrait facilement six ou sept nouvelles familles à chaque fête d’enfant organisée. Ça a vraiment contribué à nous faire connaitre. Aussi les fêtes d’enfants peuvent être animées par des personnages comme Spiderman, des princesses, etc.
Un autre moment important pour nous a été de pouvoir s’installer sur l’avenue du Mont-Royal. Je suis de Montréal à l’origine et ça me faisait plaisir de pouvoir y ouvrir un magasin. Historiquement, il y avait à la place de notre boutique, un magasin de jouets qui s’appelait Diabolo et il est resté là pendant 23 ans. Les propriétaires, qui travaillaient au sein de la boutique, ont vendu à l’entreprise Chat Perché. En quelques années, elle a malheureusement perdu des parts de marché face à la boutique concurrente qui se trouvait à quelques coins de rue. Elle pensait à fermer, car sa boutique à Montréal n’était plus rentable. C’est à ce moment-là que nous avons repris l’espace, en 2009, avec la force de notre expérience des deux magasins dans la région de Québec.
-Être une femme entrepreneure, est-ce que c’est plus difficile ? As-tu rencontré des obstacles ?
Le fait que je sois une femme, n’a jamais eu aucun impact et beaucoup de nos représentantes sont des femmes. C’est aussi un domaine où il y a globalement plus de femmes. Je pense qu’un des moments où ça a eu un petit impact c’est pour aller voir les banques. Au début, même si j’étais comptable de formation, j’ai l’impression qu’ils voulaient prendre moins de risque, ils me faisaient moins confiance. On a tendance à penser que les hommes sont plus terre à terre et moins émotifs. Une femme en affaire c’est vu comme un paquet d’émotion instable.
Aujourd’hui, nous sommes dans de nouvelles démarches avec des banques, et le fait d’être une femme est un avantage, car de nouvelles règles internes leur demandent d’intégrer et d’encourager plus de femmes et de minorités visibles dans des projets d’entreprises.
-Qu’est-ce qu’il faut savoir à propos de votre sélection de produit ? Des favoris ?
Nous suivons un peu les modes et tendances, par exemple si un film avec Spiderman sort au cinéma nous aurons en boutique plusieurs produits, comme des figurines de ce personnage, mais nous sommes conscients que ce sont des jouets dont les enfants vont se lasser rapidement. On cherche plus à avoir des produits qui ont une durée de jeux plus longue. L’enfant n’aura peut-être pas le même engouement en recevant le jeu, mais il conservera un intérêt plus longtemps. On a des jouets de très bonne qualité, en bois par exemple, qui sont utilisés d’un enfant à l’autre et même d’une génération à l’autre. Nos valeurs sont plutôt de miser sur la qualité et la longévité des jouets. On propose des jouets à la mode, mais leur qualité est souvent moins intéressante, comme les jeux sont produits plus rapidement pour suivre les tendances qui changent rapidement. J’ai deux acheteurs qui travaillent avec moi et c’est important pour nous de respecter nos valeurs de qualité.
Si on parle un peu plus de mes favoris, j’ai toujours beaucoup apprécié les Playmobil. Mes propres filles ont beaucoup joué avec ces figurines qui sont vraiment un jeu unisexe. Dans notre maison, nous avions un grand sous-sol et il était rempli avec un grand village Playmobil, elles pouvaient jouer durant des heures ! J’aimais ce produit-là avant même d’avoir des enfants et on va les garder, bien entendu, pour nos futurs petits enfants.
On a aussi une marque de jouets qu’on aime beaucoup qui s’appelle Hape. Majoritairement des jouets en bois, vous pouvez trouver des accessoires pour cuisiner, des instruments de musique, mais aussi de petits animaux de bois. Leurs jouets sont très beaux, ce sont vraiment des coups de cœur.
Il faut savoir que c’est vraiment difficile de trouver des jeux produits au Canada, car les couts de production sont vraiment élevés. On travaille avec des compagnies françaises, mais 95% de leurs produits sont fabriqués en Chine. Certaines compagnies allemandes comme les Playmobil sont encore faits en Allemagne et les camions de la compagnie Bruder y sont aussi encore majoritairement produits.
Si on prend l’exemple d’une compagnie canadienne de costumes qui s’appelle Creative Education, ils fabriquent leurs produits majoritairement au Canada, mais même eux sont obligés de sous-traiter certains produits, par exemple ceux fabriqués avec des paillettes brodées. Ils ne sont pas capables de les faire fabriquer au Canada en proposant un prix final qui sera abordable. Ici, à Québec, je connais une compagnie qui fabrique des jeux de société et souvent les impressions des jeux sont faites en Chine ou bien aux É.-U. et c’est seulement l’assemblage qui est fait ici.
-Quel est l’objet précieux dans votre espace de travail ?
Si on parle d‘un objet, je pourrais parler de mon ordinateur, mais ce qui est le plus précieux pour moi dans l’entreprise ce sont mes employés.
-Une anecdote positive et inattendue à partager ?
Pour moi une très belle anecdote a été de pouvoir m’installer sur l’avenue du Mont-Royal. On a vraiment sauté sur l’occasion, c’était inattendu. Parfois on dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres, et bien c’est ce qui s’est passé. On a eu l’occasion d’acquérir ce magasin et ça faisait longtemps que je souhaitais pouvoir avoir un magasin à Montréal.
-Une anecdote plutôt négative à partager ?
On va mettre de côté la pandémie qui nous a forcé à fermer les magasins, et qui nous oblige à trouver des solutions d’urgence lorsque tous les employés d’un magasin tombent malades en même temps.
Je me rappelle d’une année où nous avons participé, à Québec, à un évènement qui ressemble à la Foire commerciale de l’Avenue du Mont-Royal. Nous avions une très grande tente en extérieur et il y avait une longue file d’attente. Nous avons une cliente qui s’est évanouie dans la file, ça avait été éprouvant pour elle de devoir attendre aussi longtemps et il faisait vraiment chaud cette journée-là. Heureusement, elle a été prise en change et c’est rapidement senti mieux.