8 mars: Portrait d'une libre penseuse
Aujourd’hui nous sommes le 8 mars 2022 et c’est la Journée Internationale des Droits des Femmes. Nous souhaitons célébrer cette journée particulière en vous présentant une libre penseuse qui a vécu à Montréal sur le Plateau Mont-Royal.
Connaître les militantes qui ont œuvré pour les Droits des Femmes, c’est les remercier d'avoir contribué à la société dans laquelle les femmes peuvent évoluer aujourd’hui, sans oublier qu’il y a encore beaucoup de combats à mener pour l’égalité.
« Lutter, c’est vivre »
Pour Eva Circé-Coté, libre penseuse née en janvier 1871, publier ses textes sous un pseudonyme, souvent masculin, était habituel. Ses propos innovants sur l’éducation et l’égalité ont beaucoup fait débat et ont aidé les femmes dans leur émancipation.
Née à Montréal sur la rue St Jacques, son père travail pour le chemin de fer puis devient tailleur. L’éducation est importante dans sa famille, Eva a étudié dans un couvent à Lachine. C’est une femme urbaine, de classe moyenne et elle est brillante en littérature.
Elle se marie avec le docteur Pierre Salomon-Côté en 1902, ils auront un enfant et vivront rue Rachel sur le Plateau. Ils partageaient sans aucun doute des affinités intellectuelles et fréquentaient les mêmes milieux libéraux et francs-maçons. Il décèdera malheureusement quelques années plus tard et choisira d’être incinéré, ce qui fera grande polémique.
D’abord poétesse et dramaturge, ses textes ont été publiés dans de nombreux journaux d’opinion comme le Journal des Débats. Son travail de journalisme est engagé, elle défend ses convictions et œuvre pour l’émancipation des femmes. Son premier essai féministe intitulé « Étude sur les causes de l'infériorité de la femme » est publié dans le dernier numéro de l’Étincelle, journal éphémère, en 1903.
Eva est anticléricale et elle va lutter pour un accès à l’éducation et la transmission du savoir en participant notamment à la création de la première bibliothèque technique de Montréal. À l’époque il n’existait qu’une seule autre bibliothèque francophone, Saint-Sulpice, où les ouvrages étaient soumis à la censure du clergé. Elle sera la première femme bibliothécaire-conservatrice.
En 1908, elle va co-fonder un lycée de jeunes filles et en sera la directrice. Il est gratuit, obligatoire et laïc. Le lycée fermera ses portes quelques années plus tard mais il marque l'histoire de l'éducation des femmes en provoquant une vive réaction dans les milieux catholiques opposés à l'enseignement laïc. Pour en apprendre plus: L'éducation de nos filles (1916)
Eva a choisi de ne jamais se lier à un parti politique, de ne jamais militer dans un syndicat ou une association. Elle est reconnue comme libérale, à lutter pour la démocratie et la liberté individuelle. À la fin de la première guerre mondiale, où les femmes ont pris la place des hommes au travail, elle écrira cet article sur l’égalité salariale. Travail égal - salaire égal (1917)
L’égalité est importante pour elle, sa pensée à évolué tout au long de sa vie. Elle souhaite vivement améliorer la condition humaine. Après la guerre, elle se définira comme féministe et lutte pour le suffrage féminin dès 1929.
Elle perdra son emploi à la bibliothèque, et continuera à écrire et publier à la retraite. Elle continue à maintenir des positions progressistes jusqu’à la fin de sa vie. Eva se réjouit de l'obtention du droit de vote pour les femmes québécoises en 1940, symbole de l'aboutissement des multiples combats féministes qu'elle a menés tout au long de sa vie. Elle décède en 1949.
Quelques sources à consulter :
HISTOIRE DU PLATEAU
FONDATION LIONEL GROULX
RADIO CANADA